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Trump et sa guerre commerciale, l’art de ramasser une pelle

Depuis son retour à la Maison Blanche en tant que 47ème président des États-Unis, Donald Trump a fait de la guerre commerciale un axe majeur de sa politique économique. Un mot revient constamment dans ses discours : tariffs (droits de douane), qu’il utilise comme une menace, souvent à l’encontre de pays alliés qui sont aussi parmi ses principaux partenaires commerciaux, comme le Canada, le Mexique et des concurrents telle la Chine, qui détient une part significative de la dette américaine.

Mais est-ce réellement une stratégie commerciale et économique judicieuse de la part de Trump ? Ou s’agit-il simplement d’un coup contre-productif, risquant de nuire davantage aux intérêts des États-Unis?

Les importateurs américains n’apprécient guère l’idée de taxes douanières mais pour Trump, elles semblent être autant un outil privilégié de négociation sur le plan commercial qu’un levier de coercition sur le plan diplomatique. Bien qu’elles puissent effectivement protéger les producteurs locaux, en particulier contre le dumping commercial, leur utilisation excessive et sans une stratégie clairement définie peut rapidement se retourner contre ceux qui en abusent.

Imposer des taxes douanières soudaines à hauteur de 25% sur les produits en provenance de ses principaux partenaires commerciaux ne fait que souligner l’amateurisme économique de cette administration. À moins que cette approche ne soit qu’une manœuvre pour manipuler les marchés financiers et faciliter l’enrichissement des généreux donateurs de Trump.

Pourquoi imposer des droits de douane maintenant? Une politique protectionniste?

Les droits de douane sont des taxes appliquées par un pays sur certains produits importés afin de protéger son économie. Ils visent généralement des secteurs stratégiques où le pays souhaite développer un avantage comparatif ou atteindre l’autosuffisance. Cependant, ces décisions ne sont jamais prises à la légère. Elles nécessitent des analyses approfondies pour évaluer leurs effets sur l’économie nationale et internationale, notamment lorsqu’elles concernent des partenaires commerciaux de libre-échange ou des concurrents majeurs.

Certaines nations adoptent des politiques protectionnistes en fonction de leur orientation économique. Ce protectionnisme peut être éducateur, lorsqu’il vise à soutenir la croissance d’industries naissantes, ou défensif, lorsqu’il cherche à préserver des entreprises en difficulté face à une concurrence étrangère agressive.

Une stratégie protectionniste sous l’administration Trump?

L’administration Trump menace d’imposer des droits de douane généralisés sur les produits importés, y compris ceux en provenance de pays signataires de l’USMCA (United States-Mexico-Canada Agreement). Une telle approche ne relève pas seulement du protectionnisme économique mais traduit aussi une posture de confrontation commerciale. Le ton employé par Donald Trump à l’égard du Premier ministre canadien Justin Trudeau, ainsi que ses menaces de considérer le Canada comme un « 51ᵉ État américain », illustrent cette tension.

Mais qui paiera réellement ces taxes ? Les consommateurs américains seront les premiers impactés. En effet, lorsque des droits de douane sont imposés, ce sont d’abord les entreprises importatrices qui en subissent les coûts. Celles-ci répercutent ensuite ces hausses sur les prix de vente, augmentant ainsi le coût de la vie pour les ménages.

Conséquences économiques et financières.

L’incertitude liée à cette guerre commerciale pèse également sur les marchés financiers. Un climat d’instabilité peut provoquer une forte volatilité boursière et un manque de confiance chez les investisseurs. Lorsque les décisions économiques semblent davantage dépendre de l’humeur du président que des fondamentaux économiques, les marchés deviennent imprévisibles. Face à cette incertitude, de nombreux investisseurs préfèrent vendre leurs actifs, entraînant une baisse des indices financiers et un impact négatif sur les décisions d’investissement à court terme.

Toutefois, cette période de turbulence peut aussi profiter à certains acteurs économiques. Les ultra-riches ainsi que les grands investisseurs peuvent exploiter ces fluctuations pour acquérir des actifs sous-évalués, misant sur une correction et un retour à la stabilité qui leur permettra de maximiser leurs gains.

Un outil à double tranchant.

Les droits de douane peuvent être un levier puissant pour stimuler une économie lorsqu’ils sont utilisés de manière réfléchie. Cependant, mal appliqués, ils risquent d’entraîner des effets négatifs à long terme, en particulier lorsqu’ils sont motivés autant par des considérations politiques que par des impératifs économiques.

L’administration Trump devrait aborder cette question avec prudence. À moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse d’une stratégie visant à favoriser ses alliés de Wall Street au détriment de Main Street.

Lamana Cenatus

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